Le bateau ivre


L’angoisse

Comme le capitaine d’un navire confronté aux différents courants marins, aux températures  diverses et variées agissant sur la mer  parfois en sommeil ou parfois agitée, subissant les aléas de l’attraction météorologique, l’angoisse est comme cette mer agitée en mouvement qui  affecte et  surprends comme une tempête surgissant de nul part, comme un tsunami qui vient tout dévaster, comme un volcan en éruption qui s’étend  et envahit l’espace dans lequel l’on se trouve comme son propre état intérieur.  Il nous est impossible de ne pas ressentir toutes ces émotions qui nous animent et parfois nous dévastent selon les situations dans lesquelles nous nous trouvons et pour le peu  qu’elle soient fortement désagréables,  car elles nous dominent.  Ces émotions provoquent des états intérieurs différents selon les situations vécues, parce qu’elles sont   multiple et s’active spontanément car souvent connu par la mémoire associées à d’autres évènements. Elles se manifestent alors, de jour comme de nuit et cela fera que la nuit sera douce ou pas et la journée agréable ou désagréable. Et cet état dans lequel nous sommes, organise notre pensée et joue un rôle sur notre état intérieur en ramenant le doute, la peur, la panique, la tristesse, la colère pour  créer une autre réalité qui sera celle du ressenti dans laquelle notre identité va s’inscrire et il n’y a pas besoin de vivre un tsunami ni d’être confronté à une tempête pour changer notre croyance. Alors que fait on pour aller mieux dans son  quotidien rempli d’obligations et d’impératifs si une situation difficile fait remonter le flot émotionnel !

Alors nous trouvons aujourd’hui des tas de techniques d’auto persuasion et nous faisons comme si tout allait bien. La méditation et les relaxations en tout genre en font partie et je n’y voit absolument pas d’inconvénient si le sujet est aguerri de son passé,  dans le cas contraire ça ne fera que renforcer le refoulé.
Cet introduction   métaphorique du bateau à la mer, de la peur du capitaine qui conduit son bateau, comme du simple commun des mortels qui conduit son véhicule sur l’autoroute, ou du vacancier confronté à un tremblement de terre ou un tsunami, ce qui était prévu, n’existe plus au même titre que celui qui parlait naturellement en public avec confiance et qui, du jour au lendemain se trouve envahi  dans son propre espace corporel, son propre véhicule sans aucune raison prévisible apparente.
Alors comment faire face à tout cela si le poids du passé n’a pas été apaisé de toute émotion, comment avancer dans sa vie d’adulte si l’on porte des bagages émotionnels trop lourd, comment ne pas couler ! C’est à ce moment que la  Psychanalyse trouve sa place et permet en autre chose de s’apaiser  émotionnellement de son histoire, de son vécu mais ce n’est pas l’objet de cet article.

Et pour plus d’information sur ce qui est connu de l’angoisse, vaste sujet d’autant plus intéressant qu’il est souvent évoqué en analyse d’où l’intérêt de m’y être penchée  et surtout transmettre quelques informations sur le sujet alors, regardons maintenant ce que nous transmet le dictionnaire médical :
«Réaction du sujet chaque fois qu’il se trouve dans une situation traumatique, c'est-à-dire soumis à un afflux d’excitations, d’origine externe ou interne, qu’il est incapable de maîtriser».
Réaction, bien évidemment et surtout très inconfortable manifestant une peur de quelque chose, mais de quoi ?
Au cours d’une analyse, nous abordons l’histoire , le  vécu avec  précision en faisant face aux  souvenirs et de ce que ça a généré en    émotions. L’angoisse est un mot pour dire que «ça va mal»  mais à elle seule on ne peut la définir. Voyons le côté théorique de ce symptôme car il  existe assez souvent de l’incompréhension face à la situation dans laquelle l’angoisse se manifeste et même si une explication, il y a, elle n’est pas suffisante pour désamorcer ce symptôme émotionnel qui  souvent entraîne une ou plusieurs autres réactions comme par exemple la panique. L’angoisse se manifeste aussi bien de jour face à une situation précise mais elle apparaît également de nuit perturbant le sommeil.  Je traduis assez souvent l’angoisse comme une contradiction vécue de l’intérieur, non défini ou le conscient résiste aux différentes manifestations  inconscientes. C’est la raison pour laquelle le sujet se trouve démunie ne percevant pas la cause de cette manifestation et cela est bien normal, puisqu’elle fait partie  de la catégorie du refoulé, celle des souvenirs désagréables mis de côté. Donc une situation actuelle va générer une émotion agréable ou désagréable et fera écho à une autre émotion connue de l’histoire pour l’augmenter en bien ou en mal son intensité.
Peut-on s’accorder à dire que l’angoisse serait une réaction  pour se défendre de quelque chose et spontanément je vous dirais que oui mais il y a bien plus derrière en désaccords inconscients.
L’angoisse est un symptôme émotionnel et n’est pas référencé dans le DMS (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux).

Pour mieux comprendre l’angoisse, je vais vous transmettre certaines informations relevant de la même catégorie dont certaines relevées dans le D.S.M-IV ;

A – Peur persistante et intense à caractère irraisonné ou bien excessive, déclenchée par la présence ou l’anticipation de la confrontation à un objet ou une situation spécifique (ex. prendre l’avion, les hauteurs, les animaux, avoir une injection, voir du sang.)

B – L’exposition au stimulus phobogène provoque de façon quasi systématique une réaction anxieuse immédiate qui peut prendre la forme d’une attaque de panique liée à la situation ou facilitée par la situation. NB Chez les enfants, l’anxiété peut s’exprimer par des pleurs, des accès de colère, des réactions de figement ou d’agrippement.

C – Le sujet reconnaît le caractère excessif ou irrationnel de la peur.
NB Chez l’enfant, ce caractère peut être absent.

D – La (ou les) situation(s) phobogène (s) est (sont) évitée(s) ou vécue(s) avec une anxiété ou une détresse intense.

E – L’évitement, l’anticipation anxieuse ou la souffrance dans la (les) situation(s) redouté(s) perturbent, de façon importante les habitudes de l’individu, ses activités professionnelles (ou scolaires) ou bien ses activités sociales ou ses relations avec autrui, ou bien le fait d’avoir cette phobie s’accompagne d’un sentiment de souffrance important.

F – Chez l’individu de moins de 18 ans, la durée est d’au moins 6 mois.

G – L’anxiété, les attaques de panique ou l’évitement phobique associé à l’objet ou à la situation spécifique ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental tel un Trouble obsessionnel-compulsif (p. ex. lors de l’exposition à la saleté chez quelqu’un ayant une obsession de la contamination), un Etat de stress post-traumatique (p. ex. en réponse à des stimulus associés à un facteur de stress sévère), une phobie sociale (p. ex. évitement des situations sociales par peur d’être embarrassé), un Trouble panique avec agoraphobie ou une Agoraphobie sans antécédents de trouble de panique.

Pour aller plus loin, il est important de préciser le type :

Type animal : ce sous-type doit être spécifié si la peur est induite par les animaux ou les insectes. Ce sous-type a généralement un début dans l’enfance.

Type  environnement naturel : Ce sous-type doit être spécifié si la peur est induite par des éléments de l’environnement naturel tels que les orages, les hauteurs ou l’eau.
Ce sous-type a généralement un début dans l’enfance.

Type sang – injection – accident : ce sous-type doit être spécifié si la peur est induite par le fait de voir du sang ou un accident ou d’avoir une injection ou toute autre procédure médicale invasive.
Ce sous-type est hautement familial et est souvent caractérisé par une réponse vasovagale intense.

Type situationnel : ce sous-type doit être spécifié si la peur est induite par une situation spécifique comme les transports publics, les tunnels, les ponts, les ascenseurs, les voyages aériens, le fait de conduire une voiture ou les endroits clos.
Ce sous-type a une distribution bimodale d’âge de début avec un pic dans l’enfance et un autre pic entre 20 et 30 ans.
Ce sous-type semble être identique au Trouble panique avec Agoraphobie en ce qui concerne sa répartition selon le sexe, ses modalités d’agrégation familiale et son âge de début, caractéristiques.

Autre type : ce sous-type doit être spécifié si la peur est induite par d’autres stimulus. Ces stimulus peuvent comprendre la peur ou l’évitement de situations qui pourraient conduire à un étouffement, au fait de vomir ou de contracter une maladie ; la « phobie de l’espace » (c. à. d. le sujet craint de tomber s’il est loin de murs ou d’autres moyens de support physique) et les peurs qu’ont les enfants concernent les bruits forts ou les personnages déguisés.

Puis à travers les mécanismes de défense selon Freud.  Les mécanismes de défense sont l’un des apports majeurs de la théorie Freudienne à la Psychologie et à la Psychothérapie.

Qu’est-ce qu’un mécanisme de défense ! Est-il  profitable ou non !

Le refoulement est le principe majeur du mécanisme de défense, il est fait abstraction de ce qui dérange parce qu’inconfortable. C’est une forme de protection contre ses propres pulsions, mettre un masque sur son visage ou un pansement sur une blessure.

Un mécanisme de défense n’a aucun lien avec une pathologie, il est naturel chez tout sujet c’est un fonctionnement normal et habituel. (1)Un sujet n’est pas malade parce qu’il a des défenses mais parce que celles qu’il utilise habituellement s’avèrent soit inefficace soit trop rigide, soit mal adaptées aux réalités internes et externes, soit trop exclusivement d’un même type, et que le fonctionnement mental se voit ainsi entravé dans sa souplesse, son harmonie, son adaptation. Toutefois, certaines défenses ne sont pas efficace, trop rigide, mal adapté.
1 Jean Bergeret Medecin Psychanalyste – Psychologie pathologique, théorique et clinique 1972

Les mécanismes de défense sont différents en fonction du sujet et de l’âge. Ils apparaissent assez souvent comme un besoin de compenser face à une réalité douloureuse. Ce mécanisme s’adapte en fonction des situations qui renvoi le sujet vers l’évitement sans supprimer l’affect mais à rendre la douleur plus supportable.

Alors ! Comment se sortir de situations complexes dans lequel son propre moi s’est engouffré. Même si les mécanismes de défense, sans les nommer, sont naturels et peuvent devenir habituels, une surenchère d’activité énergétique sera mise en place.

Ce qu’il faut comprendre pour aller au plus court même si cet article est long car ce n’est pas si simple d’expliquer un symptôme en quelques lignes.

Il y a action de division qui consiste à séparer le moi de l’objet sous l’influence angoissante d’une menace de façon à faire coexister les deux parties qui se méconnaissent sans formation de compromis possible.

Une autre action, le sujet va nier un de ses  désirs, pensées et sentiments jusqu’ici refoulé en continuant à s’en défendre tout en niant qu’il lui appartienne.
Maintes et maintes sollicitations seront mise en place pour contraindre et se défendre de quelque chose de désagréable ou de perturbant.  

Exemple :

- Vous participez à  une réunion et soudainement vous êtes pris de bégaiement ou de tremblement dès que vous prenez la parole. Cette situation est nouvelle et vous ne comprenez pas ce qui se passe ou plus ou moins.
 - Vous conduisez et soudainement, vous êtes pris d’angoisse ou de panique.

Comment se sortir de ce sentiment de ne plus rien gérer. Le mécanisme de défense n’est pas présent à l’origine, il se met en place et sa nature consiste à repousser le conscient pour le mettre à l’écart. Mais avant que l’on soit parvenu à un tel palier de l’organisation psychique, d’autres fonctions se sont mises en place sur lesquels il a fallu lutter. Une multitude de symptômes peut apparaître, il y a la situation dans son ensemble mais le psychisme aura à gérer tous les ressentis intérieur et extérieur face aux pensées, sentiments, et réactions diverses corporel.

La crise d’angoisse est générée par un emballement du système limbus (limbe signifiant frontière),  qui est appelé cerveau émotionnel qui comporte et gère plusieurs structures de l’encéphale jouant un rôle très important dans le comportement et en particulier, dans diverses émotions comme l’agressivité, la peur, le plaisir ainsi que la formation de la mémoire.

S’active une stimulation des glandes surrénales qui va créer une montée d’adrénaline suivi d’une multitude d’indicateur corporel ou psychique comme par exemple :
    • Une extrême chaleur corporelle,
    • Une augmentation du rythme cardiaque,
    • Une diminution du champ visuel,
    • Des sueurs,
    • La peur de mourir,
    • La perte de contrôle,
    • La peur de devenir fou ou folle,
    • Parfois des nausées,
    • Des tensions,
    • Peur de la maladie,
    • Peur de refaire une crise lorsque vous vous sentez plutôt bien,
    • Enfermement par peur de revivre cela.

Et vous aurez sûrement compris ce que j’ai évoqué plus haut en ce qui concerne les mécanismes de défense déployés pour regagner un minimum de contrôle.  
Elles apparaissent de nuit avec un réveil nocturne brutal ou de jour souvent suivi d’une crise de panique, l’angoisse peut être ponctuel selon la nature d’un évènement ou répétitive. Il y a toujours une raison, une cause parfois difficile à trouver. Nous devons considérer également si la cause a eu une durée de temps comme la maladie, le chômage, l’abandon, ou un évènement douloureux qui à pris du temps à se résoudre. Dans cette situation, nous sommes sur des sentiments  résistants et durables.

Il est important de consulter le corps médical selon l’importance des crises afin d’en éliminer toute maladie éventuelle, puis d’entreprendre une démarche thérapeutique. L’angoisse apparaît assez souvent entre l’âge de la puberté jusqu’à 20 ans avec des pics de fréquences, mais aussi chez l’enfant phobique scolaire qui en cours va présenter des troubles de l’anxiété ou  chez l’adulte qui doit parler en public.

Une fois le corps médical éliminé, la démarche thérapeutique est une quasi obligation car parler de ce qui ne va pas fera du bien.
D’un point de vue Psychanalytique, nous estimons donc que pour guérir de l’angoisse, il faut remonter dans  l’histoire du vécu et ne pas chercher à se défendre de ça au risque d’augmenter son angoisse. Les souvenirs  amèneront   spontanément ce qui est refoulé et maintenu dans la mémoire inconsciente et la mémoire émotionnelle.  Pour se faire d’ajourner notre descente dans des sphères plus profonde. S’autoriser à percevoir la nature du refoulé de sa construction des instances psychiques.   

Quand j’évoque cette multitude de séries d’instances psychiques c’est pour renvoyer à l’idée qu’une angoisse sollicite bien plus le sujet face à la rapidité  émotionnelle et plurielle dans laquelle le sujet se trouve acculé. Il n’aura donc, pour but, uniquement,  de s’en  défendre, ce qui ne guérit pas, ne soulage pas.

L’angoisse est souvent contenue et par ailleurs sollicite des stratégies pour s’en défendre. C’est comme un pansement sur une plaie purulente qui couvre une charge émotionnelle. Cette charge étant psychique aucune stratégie ni compensation de gestion ne pourra en soulager sa contenance.

Cet article pourrait bien évidemment s’étendre en citant des tas d’exemples mais ce serait trop long, j’espère qu’il vous aura apporté quelques informations sur cette émotion qu’est l’angoisse qu’il aura suscité votre intérêt et qu’il évoquera de la curiosité en vous pour aller plus loin dans votre démarche.